Depuis qu’il a été proposé par les scientifiques en 2014, on a vu circuler à de nombreuses reprises dans des communiqués de presse émanant d’opérateurs économiques, sur les réseaux sociaux, dans divers médias et même dans la bouche de personnalités politiques de premier plan, un certain nombre d’opinions négatives et d’informations trompeuses à propos du Nutri-Score, le logo d’information nutritionnelle destiné à être apposé en face avant des emballages des aliments adopté officiellement par la France en 2017, et plus récemment par la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays Bas et la Suisse. Malgré le soutien fort de la communauté scientifique et de santé publique au niveau européen, des associations de consommateurs et de nombreuses ONGs concernées par l’alimentation, ses détracteurs ont continué à essayer de le discréditer. Ce phénomène se perpétue encore et s’est accentué récemment même du fait des discussions qui ont lieu au sein des instances de la Communauté Européenne à Bruxelles pour choisir un logo nutritionnel unique et obligatoire pour l’Europe.
Les lobbys agro-alimentaires (certains grands groupes industriels et divers secteurs agricoles) sont à l’origine ou relayent une grande part de ces fausses informations (« fake news ») visant le Nutri-Score. Elles peuvent être également le fait de toutes sortes de « gourous », de simples internautes, de chroniqueurs médiatiques ou de représentant politiques qui expriment non pas un argumentaire de santé publique étayé par des travaux scientifiques mais de simples opinions personnelles (parfois intéressées) qui, au travers de quelques exemples montés en épingle visent à décrédibiliser l’ensemble du système. Les fausses informations sur le Nutri-Score qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux et dans certains médias se différencient totalement des critiques légitimes qui peuvent être soulevées concernant Nutri-Score qui font partie du débat scientifique utile (notamment sur les limites du système qui n’est pas parfait et possède encore des marges d’amélioration), tant dans leurs objectifs que dans leur forme. Les fake news se caractérisent par le fait que l’information qu’elles véhiculent est trompeuse, et ne cherchent qu’à troubler les esprits. Elles se caractérisent le plus souvent par la juxtaposition d’éléments qui peuvent sembler juste pour chacun d’entre eux mais dont la mise en scène peut contribuer à une confusion ou semer le doute chez ceux qui n’ont pas le recul ou suffisamment de connaissances sur le Nutri-Score, sur ses objectifs et la manière dont il se calcule et s’utilise.
Ce qui est spectaculaire c’est que ces désinformations sortent des réseaux sociaux et sont repris comme des « éléments scientifiques » par certains médias (parfois importants) et par tous ceux qui ont intérêt à s’en servir (lobbys, scientifiques ayant des liens d’intérêt avec des opérateurs économiques, personnalités politiques, voire ministres…). Ces fake news sont parfois reprises par des personnes de bonne foi qui ne connaissent pas suffisamment la problématique des logos nutritionnels ou par certains défendant des intérêts économiques ou parfois idéologiques. Dans ce texte, nous présentons quelques exemples des arguments soulevés par les détracteurs du Nutri-Score et les réponses que les scientifiques y apportent:
Nutri-score serait simpliste et réducteur ?
Ces qualificatifs font partie des éléments de langage habituels véhiculés par les lobbys agroalimentaires et relayés par diverses personnalités scientifiques. Mais en fait, Nutri-score n’est en aucune façon « simpliste et réducteur », il est en réalité « simple et synthétique » résumant sous une forme intuitive et facile à comprendre par tous, la qualité nutritionnelle globale des aliments. Mais derrière sa simplicité pour les consommateurs, il repose sur la science (académique et indépendante). De très nombreux travaux scientifiques (plus d’une centaine d’études originales publiées dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture) ont validé d’une part, son mode de calcul qui intègre les composants nutritionnels d’intérêt en termes de santé publique (ceux à promouvoir et ceux dont il faut limiter la consommation) et l’efficacité de son algorithme ainsi que celle de son format graphique.
Plus de détails sur les bases scientifiques du Nutri-Score et les références sur les travaux scientifiques qui valident le Nutri-Score sont accessibles sur https://nutriscore.blog/2021/11/28/le-nutri-score-et-les-autres-dimensions-sante-des-aliments-informer-au-mieux-les-consommateurs/
Nutri-Score serait stigmatisant, culpabilisant infantilisant, anxiogène ?
Autres éléments de langage que l’on retrouve fréquemment dans la bouche des détracteurs… Dire que Nutri-Score est stigmatisant pour certains aliments n’a pas de sens : le logo n’invente rien mais permet seulement de caractériser la réalité de la composition nutritionnelle globale des aliments et d’objectiver les différences de qualité nutritionnelle qui existent entre eux et qui ne sont pas évidentes à percevoir par la lecture des tableaux de déclaration nutritionnelle incompréhensibles (et souvent illisibles) qui figurent de façon obligatoire sur la face arrière des aliments. Il n’y a donc pas de stigmatisation mais une cohérence avec les recommandations nutritionnelles de santé publique : les aliments dont, du point de vue de la santé publique, on veut limiter la consommation (aliments sucrés, gras, salés, charcuteries, fromages,…) sont reconnaissables avec une couleur orange ou rouge qui invite à une consommation plus occasionnelle et/ou en petites quantités.
Quant aux qualificatifs « culpabilisant », «infantilisant » ou « anxiogènes », aucun travail scientifique, aucune étude ne permet de soutenir ces affirmations. Les arguments selon lesquels le rouge serait stigmatisant pour des aliments ou culpabilisant et anxiogène pour les consommateurs ne reposent sur aucune donnée scientifique sérieuse. Ce ne sont que de pures spéculations qui visent à dramatiser l’image du Nutri-Score. A l’inverse de nombreuses études publiées dans des revues scientifiques internationales montrent que Nutri-Score est très bien perçu, bien compris (notamment par les populations défavorisées), qu’il est apprécié et même plébiscité par 90 % des consommateurs qui souhaiteraient qu’il devienne obligatoire et ne se plaignent d’aucune façon d’être infantilisé par cet outil d’information.
Nutri-Score serait une atteinte aux libertés individuelles ?
Les lobbys essayent également de déplacer la problématique du Nutri-Score au niveau des champs de la morale, de l’éthique et des libertés individuelles laissant entendre que le choix alimentaire relèverait de la responsabilité des individus et que le Nutri-Score serait le témoignage que l’état souhaite s’immiscer dans le contenu de nos assiettes et donc porterait atteinte au côté plaisir et ludique de l’alimentation en interdisant certains aliments et en poussant les consommateurs vers une alimentation normée…
Mais en réalité, les choix alimentaires des individus sont conditionnés par un environnement (prix, promotion commerciale, placements en magasin, publicité,…) qui pousse à la consommation d’aliments à forte densité énergétique, gras, sucrés, salé, pauvres en fibres,.. Les consommateurs ne sont donc pas vraiment libres dans un contexte où la pression marketing qui les environne est extrêmement forte. Dans ces conditions, fournir une information simple sur la composition nutritionnelle des aliments est pour le consommateur un élément favorisant sa liberté de choix au moment de l’acte d’achat. Dans tous les cas, Nutri-Score n’a aucun caractère injonctif ou prescriptif et n’atteint en rien les libertés individuelles. Par la transparence qu’il apporte aux consommateurs sur la qualité nutritionnelle des aliments (en synthétisant sous une forme compréhensible par tous des données existantes d’un tableau nutritionnel incompréhensible), il leur permet, s’ils le souhaitent, d’intégrer la dimension nutritionnelle dans leurs actes d’achat et donc de tendre vers des choix alimentaires plus favorables à sa santé. Loin d’être liberticide, Nutri-Score fournit un élément de transparence et de cohérence qui permet la liberté de choix du consommateur, au travers d’un choix éclairé
Nutri-Score pénaliserait les aliments traditionnels, notamment les AOP/IGP qui seraient de « bons » produits ?
Nutri-Score ne fait que prendre en compte la composition nutritionnelle des aliments qu’ils soient traditionnels ou non, avec un label d’origine ou non. En fait, les labels AOP/IGP indique qu’un aliment est rattaché au terroir, produit selon un savoir-faire souvent ancestral et qu’il fait partie du patrimoine culinaire mais ces labels n’intègrent pas dans leur définition, et donc dans leur attribution, la notion de « qualité nutritionnelle » (ce n’est pas leur rôle). Donc même avec un label AOP ou IGP, les aliments gras sucrés ou salés restent gras, sucrés ou salé. Mais contrairement à ce qui est avancé par ceux qui utilisent cet argument (notamment les filières de productions des fromages et des charcuteries) tous les aliments traditionnels ne sont pas pénalisés par Nutri-Score. Une étude récente de l’UFC Que Choisir a montré que 62 % des aliments traditionnels sont classés A, B ou C. Ce sont seulement les fromages et les charcuteries qui se retrouvent D et E du fait de leurs teneurs en acides gras saturés et en sel (et quelques uns, moins gras et moins salés, en C). Ceci d’ailleurs n’indique absolument pas qu’ils ne doivent pas être consommés, mais le fait d’être Nutri-Score D ou E ne fait que rappeler que ces produits doivent l’être en quantité limitée (ou avec une moindre fréquence).
Par contre l’affichage du Nutri-Score à côté des labels d’origine est tout à fait cohérent avec le concept de «consommer moins mais mieux»… Pour un même budget, s’il faut finalement limiter sa consommation comme l’indique Nutri-Score ces autres labels permettent d’orienter les choix dans ces catégories vers des produits qualitatifs, locaux, artisanaux. Bien évidemment rien n’empêche de communiquer que, parmi les fromages, il est intéressant de privilégier ceux qui sont AOP ou IGP par rapport à ceux qui ne le sont pas.
Plus d’informations sur :
– https://nutriscore.blog/2021/06/17/nutri-score-meme-avec-un-signe-de-qualite-ou-dorigine-aoc-aop-igp-bio-label-rouge-un-produit-gras-sucre-ou-sale-reste-un-produit-gras-sucre-ou-sale/
– https://nutriscore.blog/2022/05/16/enquete-de-lufc-que-choisir-sur-le-nutri-score-des-aliments-traditionnels/
Nutri-Score serait trompeur car il ne tient pas compte de l’ultra-transformation, des additifs,.. ?
En fait l’ultra-transformation et la composition nutritionnelle sont deux dimensions différentes des aliments qui ont, chacune, la capacité de retentir sur la santé des individus par des mécanismes différents. Nutri-Score renseigne uniquement sur la qualité nutritionnelle des aliments, et n’intègre pas dans son calcul les autres dimensions santé des aliments : ultra-transformation, présence d’additifs, de composés néo-transformés ou de résidus de pesticides. Aussi importantes soient-elles, ces dimensions ne sont intégrées dans aucun logo nutritionnel dans le monde, car il n’est pas possible de les prendre en compte dans le calcul d’un indicateur unique et donc de les agréger dans un même logo.
C’est donc une limite des logos nutritionnels (et pas seulement du Nutri-Score) qu’il faut accepter. En revanche, la notion d’aliments ultra-transformés est également une information importante qui doit faire l’objet d’une communication spécifique complémentaire à celle des logos qui ne renseignent que sur la dimension nutritionnelle. Il faut donc accepter que des informations complémentaires sur les différentes dimensions santé des aliments (Nutri-Score, aliments ultra-transformés, aliment bio) soient fournies graphiquement aux consommateurs de façon séparées avec une communication adaptée. Un bandeau noir autour du Nutri-Score pour signaler qu’un aliment est ultra-transformé a été proposé par les concepteurs du Nutri-Score.
Mais, bien que Nutri-Score se concentre uniquement sur l’information nutritionnelle des consommateurs, cela représente déjà beaucoup en termes de santé publique, comme le rappellent les études de cohorte prospective (dont certaines portant sur plus de 500 000 personnes suivies pendant plus de 15 ans), qui montrent au niveau individuel, que le fait de manger des aliments bien classés par Nutri-score (indépendamment de toute prise en compte des autres caractéristiques des aliments) est associé à une plus faible mortalité et à un moindre risque de développer des maladies chroniques : cancers, maladies cardio-vasculaires, obésité…
Pour plus d’informations:
– https://nutriscore.blog/2021/11/28/le-nutri-score-et-les-autres-dimensions-sante-des-aliments-informer-au-mieux-les-consommateurs/
– https://nutriscore.blog/2020/12/07/nutri-score-et-ultra-transformation-deux-dimensions-differentes-complementaires-et-non-contradictoires/
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Nutri-Score serait absurde car calculé pour 100g or on ne mange pas 100g de fromages, 100g de mayonnaise ou 100g de pâte à tartiner ?
Ce choix s’explique par le fait que les données sur la composition nutritionnelle des aliments qui sont accessibles et donc utilisables pour construire un logo nutritionnel sont celles présentes dans le tableau nutritionnel obligatoire qui figure sur la face arrière des emballages qui a été défini par la réglementation européenne or ces données sont obligatoirement présentées pour 100g (ou 100 ml). En fait, définir des tailles de portion est impossible pour les aliments spécifiques car elles devraient être adaptées en fonction des besoins énergétiques qui différent selon l’âge, le sexe, la période de croissance pour les enfants, la grossesse, de l’activité physique,… Comme les tailles de portions ne sont pas standardisées, elles sont fixées par les fabricants eux-mêmes, qui très souvent les définissent bien en dessous des portions réellement consommées avec donc un risque de manipulations : il suffit aux industriels de fixer des tailles de portions petites pour réduire artificiellement aux yeux du consommateur les quantités de gras, de sucre ou de sel de la portion de leurs produits.
La prise en compte d’une quantité standard, telle que 100g est le meilleur choix permettant une comparaison valide entre les aliments sans induire d’erreur d’estimation. Ce dénominateur commun permet ainsi de comparer 100 ml d’huile d’olive à 100 ml d’une autre huile; 100g de céréales petit déjeuner à 100g d’autres céréales; 100g d’une pizza à 100g d’une autre pizza; 100 g d’Emmenthal, à 100g de Maroilles, de Roquefort ou de Mozzarella…
Pour plus d’informations: https://nutriscore.blog/2021/11/03/pourquoi-nutri-score-est-calcule-sur-la-base-de-100g-et-non-par-portion-comme-demande-par-les-industriels/
Nutri-Score pénaliserait l’alimentation méditerranéenne ?
Ce sont les lobbys italiens de la charcuterie et des fromages (mais repris par les producteurs d’autres pays européens) qui essayent de faire croire que Nutri-Score s’opposerait à l’alimentation méditerranéenne argumentant que les charcuteries et fromages italiens (pecorino, parmesan,gorgonzola, jambon San Daniele, Salami,…) classés D ou E par Nutri-Score (du fait de leurs teneurs élevée en sel et graisses saturées) seraient pourtant des piliers du modèle de l’alimentation méditerranéenne. Mais pour les nutritionnistes, le modèle de l’alimentation méditerranéenne favorable à la santé ne promeut absolument pas les fromages et les charcuteries (qu’ils soient italiens ou non). Il est caractérisé par une consommation abondante de fruits et légumes, légumes secs, céréales complètes, une consommation modérée de poissons et limitée de viandes, charcuteries, fromages et aliments sucrés, gras et salés. Et l’huile d’olive doit être privilégiée parmi les matières grasses ajoutées ce que reflète son classement en C (et bientôt en B du fait de la mise à jour du Nutri-Score), le meilleur score possible des huiles végétales.
Les lobbys entretiennent volontairement la confusion entre les aliments symboliques du patrimoine gastronomique italien et ceux promus par le modèle de la diète méditerranéenne. Ceci n’a rien à voir ! Bien évidemment, conçu par des scientifiques experts en nutrition, NutriScore ne s’oppose en rien à l’alimentation méditerranéenne au contraire. Les aliments de base de ce modèle ont été largement démontrés comme bien classés par Nutri-Score.
Pour en savoir plus:
– https://nutriscore.blog/2019/12/16/non-a-linstrumentalisation-politique-du-nutri-score-en-italie-par-monsieur-matteo-salvini-1-non-au-deni-de-la-science-et-de-la-sante-publique/
– https://nutriscore.blog/2022/12/02/une-enquete-du-journal-le-monde-sur-le-lobbying-anti-nutri-score-etiquetage-nutritionnel-en-europe-une-bataille-explosive-entre-nationalismes-lobbying-et-menaces/
Nutri-Score n’inclurait pas tous les composants nutritionnels des aliments qui sont intéressants sur le plan santé ?
Un logo nutritionnel, quel qu’il soit, ne peut intégrer tous les nutriments d’intérêt contenu dans les aliments: vitamines, minéraux , polyphénols, sucres libres, types d’acides gras… pour une raison pratique : les données sur la composition de ces éléments ne sont pas disponibles. Ils ne font pas partie de la déclaration nutritionnelle rendue obligatoire par la réglementation européenne (Réglement INCO), ce qui empêche la capacité de les intégrer dans le développement d’un logo nutritionnel.
Mais par ailleurs, un processus scientifique très rigoureux intégrant de nombreuses études a été utilisé pour justifier les nutriments ou éléments retenus dans l’algorithme de calcul du Nutri-Score et pour limiter, par des études de sensibilité, leur nombre et éviter les redondances entre les éléments. Par exemple, les fruits et légumes qui ont été intégrés dans l’algorithme de calcul du Nutri-Score correspondent à un excellent proxy des teneurs en diverses vitamines (vitamine C, bêta-carotène…) des aliments. De la même façon la prise des protéines est un bon reflet indirect de la teneur en minéraux comme le calcium et le fer. Le long travail scientifique effectué a permis de ne retenir dans le score nutritionnel global final que les nutriments et éléments utiles dont la consommation doit être limitée ou encouragée du point de vue de la santé publique. Et via ses proxys, l’algorithme prend en compte de façon indirecte beaucoup plus d’éléments que la seule liste de ceux affichés pour son calcul (vitamine C, calcium, fer,…) ?
Nutri-Score aurait été créé pour servir les intérêts des grands groupes industriels de l’agro-alimentaire ?
Les détracteurs essayent de faire croire que Nutri-Score serait au service des industriels de l’agro-alimentaire sous prétexte qu’il a finalement été adopté par certains grande groupes comme Danone ou Nestlé. C’est totalement absurde et contraire à la vérité. Pour mémoire, lorsque Nutri-Score a été proposé en 2014 sur la base de travaux scientifiques par des experts nutritionniste de santé publique académiques, il a été immédiatement combattu par l’ensemble des industriels (y compris Danone et Nestlé) et tous les distributeurs. C’est après une violente bataille de près de 4 ans contre les lobbys que Nutri-Score a finalement été adopté officiellement en France. En 2014, aucun industriel ne le soutenait. En 2017, une fois le décret signé par le gouvernement francais, seulement 6 entrerprises se sont engagés (dont Danone) à l’afficher. Nestlé qui a participé au « Big6 » contre Nutri-Score (avec Coca-Cola, PepsiCo, Mars, Mondelez, Unilever) a violemment essayer d’empêcher qu’il soit mis en place en proposant un logo alternatif qui arrangeait ces compagnies. Ce n’est qu’en 2019 que Nestlé a finalement plié face à science et à la demande des consommateurs. Par contre NutriScore a été et est toujours combattu par Coca-Cola, Mars, Mondelez, Unilever, Ferrero, Lactalis, Kraft… ainsi que par des secteurs agricoles puissants comme ceux de la charcuterie ou des fromages et leur représentation européenne comme COPA-COGECA. Le fait que des firmes comme Danone et Nestlé aient cédé et adopté Nutri-Score qu’ils ont combattu pendant des années doit être considérées des victoires de la Santé Publique.
Nutri-Score aurait été développé pour blanchir les aliments ultra-transformés des multinationales ?
Utilisant sans explication un nombre limité d’exemples d’aliments (toujours les mêmes) dont le classement par Nutri-Score peut, à première vue, surprendre, certains détracteurs véhiculent l’idée que Nutri-Score ne serait proposé que pour blanchir les aliments ultra-transformés des multinationales. Si c’était le cas pourquoi Coca-Cola, Ferrero, Mars, Mondelez, Lactalis, Kraft et bien d’autres qui produisent des aliments ultra-transformés (AUT) s’opposeraient toujours à Nutri-Score et mettrait tout en œuvre pour empêcher son implémentation en Europe. Pourquoi les associations d’industriels agroalimentaires produisant en majorité des AUT combattraient si violemment NutriScore dans tous les pays européens : FEDERALIMENTARE en Italie, FIAB en Espagne, FEVIA en Belgique, ANIA en France, l’European Dairy Association…
Les détracteurs montrent toujours les mêmes exemples du nombre limité d’AUT qui semblent bien classer par NutriScore Ces mêmes détracteurs ne citent jamais les milliers d’AUT (la ganade majorité) qui sont classés NutriScore E ou D. Et comme précédemment indiqué, composition nutritionnelle et ultra-transformation sont deux notions différentes qui se chevauchent en grande partie mais pas totalement. Il est logique qu’un faible nombre d’AUT puisse être bien classé par Nutri-Score ou qu’à l’inverse un petit nombre d’aliments mal classés par Nutri-Score ne soit pas des AUT. D’où l’intérêt de fournir une information complémentaire au Nutri-Score actuel sous forme graphique sur le fait qu’un aliment soit ultra-transformé.
Nutri-Score n’aurait aucune base scientifique, la preuve il a déjà changé son algorithme de calcul…
Depuis qu’il a été proposé par les scientifiques en 2014 et comme cela a été acté au moment de son adoption en France en 2017 (puis dans d’autres pays européens), il était prévu que l’algorithme de calcul du Nutri-Score évolue et soit régulièrement révisé sur la base de l’évolution des connaissances scientifiques et donc des recommandations nutritionnelles qui s’affinent en fonction de ces nouvelles connaissances, mais également en fonction de l’évolution du marché alimentaires (apparition de nouveaux produits, innovations, reformulations,..) et de l’expérience de son déploiement dans la vraie vie.
A cet effet, un comité scientifique européen a été mis en place dans le cadre de la gouvernance transnationale de Nutri-Score rassemblant les 7 pays qui ont adopté Nutri-Score. Ce comité scientifique chargé de la mise à jour de Nutri-Score (composé d’experts indépendants des 7 pays européens qui ont adopté Nutri-Score) a commencé à travailler en février 2021. Après 2 ans de travaux scientifiques intensifs, tout en estimant que, dans l’ensemble, l’algorithme du Nutri-Score fonctionne bien, ce comité a proposé des modifications dans son mode de calcul impactant un nombre limité d’aliments afin d’en améliorer ses performances par rapport aux nouvelles données de la science et d’être en meilleure adéquation avec les recommandations nutritionnelles actuelles.
Il est donc tout à fait normal et souhaitable que des mises à jour du Nutri-Score aient lieu régulièrement (elles sont planifiées tous les 3 ans). C’est un élément fondamental et rassurant en termes de santé publique.
Quant à accuser Nutri-Score de ne pas avoir de bases scientifiques, c’est tout de même nier grossièrement la centaine d’études publiée dans des revues scientifiques internationales validant à la fois son algorithme de calcul et son efficacité en termes de perception, compréhension, utilisation et impact sur la qualité nutritionnelle des paniers d’achats !
Pour plus d’informations:
– https://nutriscore.blog/2022/08/01/rapport-du-comite-scientifique-europeen-en-charge-de-la-mise-a-jour-du-nutri-score-modifications-apportees-a-lalgorithme-pour-les-aliments-solides/
– https://nutriscore.blog/2022/12/18/rapport-du-comite-scientifique-europeen-en-charge-de-la-mise-a-jour-du-nutri-score-modifications-apportees-a-lalgorithme-pour-les-boissons/
– https://nutriscore.blog/2022/09/23/bibliography-references/
Nutri-Score n’aurait aucun sens, l’huile d’olive est moins bien classée que des céréales petit déjeuner, or l’huile d’olive est saine et les céréales petit déjeuner malsaines… ?
Encore une fake-news largement relayée par les détracteurs de Nutri-Score. En fait, il faut garder à l’esprit que la finalité d’un logo nutritionnel comme Nutri-Score n’est pas de classer les aliments en « sains » ou « non sains », en valeur absolue, comme le ferait un logo binaire (bien vs mal). Une telle finalité pour un logo nutritionnel resterait totalement discutable car cette propriété est liée à la quantité consommée de l’aliment et la fréquence de sa consommation, mais également à l’équilibre alimentaire global des individus (l’équilibre nutritionnel ne se faisant pas sur la consommation d’une prise alimentaire, ni même sur un repas ou sur un jour…). Ces notions complexes ne peuvent, bien sûr, être résumées par un logo nutritionnel attribué à un produit spécifique d’une marque donnée…
La finalité du Nutri-Score est de fournir aux consommateurs une information, en valeur relative qui leur permet, en un simple coup d’œil, de pouvoir comparer la qualité nutritionnelle des aliments, ce qui est déjà très important pour orienter leurs choix au moment de l’acte d’achat. Mais cette comparaison n’a d’intérêt que si elle est pertinente, notamment si elle porte sur des aliments que le consommateur est confronté à comparer dans la vraie vie (au moment de son acte d’achat ou de sa consommation). Le consommateur n’est pas confronté à choisir entre des céréales petit-déjeuner et de l’huile d’olive au moment de son acte d’achat ou de sa consommation alimentaire. Il est très peu probable que le consommateur envisage a priori de consommer de l’huile d’olive pour son petit-déjeuner, ni d’assaisonner sa salade avec des céréales petit déjeuner… En réalité, le consommateur a besoin de pouvoir comparer la qualité nutritionnelle des aliments qui ont une pertinence à se substituer dans leur consommation (et sont souvent dans les mêmes rayons de supermarchés ou dans des rayons proches). S’il souhaite choisir les éléments de son petit déjeuner, il est important, qu’il puisse comparer des aliments de catégories différentes mais consommés à cette occasion, par exemple du pain de mie, des viennoiseries, des céréales petit-déjeuner ou des biscuits. Et bien sûr avoir accès à la transparence sur la qualité nutritionnelle au sein des grandes catégories ou en fonction des marques, pour pouvoir ainsi comparer différentes céréales petit-déjeuner entre elles, ou les différentes viennoiseries industrielles ou les pains de mie en fonction des marques…
Selon le type de céréales petit déjeuner il existe une très grande variabilité de qualité nutritionnelle avec des Nutri-Score allant de A à E selon le type de céréales (il en est de même pour des céréales équivalentes mais de marques différentes). Et si le consommateur souhaite choisir une matière grasse ajoutée il va comparer les huiles entre elles (ou éventuellement avec le beurre). Il verra que les huiles d’olive et de colza sont dans la meilleure classe possible pour les matières grasses ajoutées et qu’il n’y a pas d’alternative A ou B (l’huile même d’olive ou de colza c’est tout de même 100% de matières grasses).
Pour en savoir plus : https://nutriscore.blog/2019/04/20/incomprehensions-et-fake-news-concernant-nutri-score-comment-essayer-de-destabiliser-un-outil-de-sante-publique-qui-derange/
Les céréales Chocapic ou Nesquik sont classées A alors qu’elles sont bourrées de sucre !
On comprend que la question soit posée car elle peut interpeller le consommateur mais elle est souvent instrumentalisée pour essayer de discréditer Nutri-Score. En fait, l’histoire de Chocapic de Nestlé est intéressante pour comprendre l’intérêt du Nutri-Score et le fait qu’il est amené à évoluer en fonction de l’évolution de l’offre alimentaire pour rester cohérent avec les recommandations nutritionnelles.
Pour les Chocapic, leur teneur en sucre est passée progressivement depuis 2003 de 42g/100g en 2003, à 21 g/100g et celle en sel a baissé de 57%. Dans le même temps, la richesse en fibres a augmenté de 114% grâce à l’incorporation de céréales complètes. Ceci a amené ces céréales petit déjeuner à passer dans un premier temps de Nutri-Score C à B puis à se retrouver avec une nouvelle baisse du taux de sucre, juste sous le seuil leur permettant d’être classées A. Il est logique que leur effort de reformulation soit valorisé (notamment par rapport à leurs concurrents qui ne font pas le même effort de baisser la teneur en sucre de leur produit). Mais ce classement en A pour Chocapic ou en B pour Nesquik n’est plus légitime sur le plan nutritionnel. D’une part un rapport de l’EFSA a bien montré qu’il n’y a pas de seuil minimum de teneur en sucres sans risque et d’autre part ces céréales qui certes contiennent 20g de sucre, c-à-d moins de sucres que leurs concurrents se retrouvent dans la même catégorie que d’autres céréales (les mueslis bruts) qui ne contiennent pas ou que très peu de sucres (3 à 6g/100g). En pénalisant plus la présence du sucre dans les aliments (et pas que pour les céréales petit déjeuner), le Comité scientifique européen en charge a mise à jour du Nutri-Score (qui rentrera en vigueur fin 2023) reclasse les Chocapic (et Nesquik et d’autres) en C, ce qui les différencie de celles qui n’en contiennent pas ou moins tout en respectant l’effort de reformulation qui a été fait puisqu’elles se retrouvent toujours mieux classées que celles des fabricants qui n’ont pas fait l’effort de réduire le sucre et qui en contiennent 30 ou 40g/100 et logiquement classées D ou E.
Pour en savoir plus : https://nutriscore.blog/2019/04/20/incomprehensions-et-fake-news-concernant-nutri-score-comment-essayer-de-destabiliser-un-outil-de-sante-publique-qui-derange/
Le Nutri-Score n’aurait aucune valeur puisque les chocolats en poudre pleines de sucre sont bien classées par Nutri-Score ?
Là encore si la question est pertinente, elle est parfois présentée de façon mal intentionnée pour essayer encore de décrédibiliser Nutri-Score. Le règlement européen INCO stipule que la déclaration nutritionnelle doit se baser sur les valeurs nutritionnelles du produit tel que vendu, et s’il y a lieu, sur le produit préparé si le produit ne peut être consommé tel que vendu…, ce qui est le cas pour le cacao en poudre, les soupes et purées lyophilisées. Pour ces produits, la méthode de préparation est décrite précisément sur les emballages. Donc généralement les industriels indiquent dans la déclaration nutritionnelle, les valeurs nutritionnelles pour 100g ou 100mL de produit préparé et une méthode de préparation détaillée (parfois ils donnent également les valeurs nutritionelles pour le produit avant préparation mais psas dans tous les cas).
Le calcul du Nutri-Score se fait sur les données de la déclaration nutritionnelle indiquée sur l’emballage. Pour le cacao en poudre, il est calculé sur la denrée tel que préparé selon la recette indiquée sur l’emballage (avec un volume constant de lait demi-écrémé), ce qui leur attribuait un Nutri-Score plutôt favorable (en général B).
Mais la mise à jour de l’algorithme du Nutri-Score pour les boissons a abouti à ce que le lait passe dans les boissons pour son mode de calcul, ce qui a pour effet de pénaliser les boissons à base de lait contenant du sucre, ce qui est le cas des chocolats en poudre reconstitué avec du lait. Ainsi le Nutri-Score affiché sur ces cacaos en poudre passer de B à D, ce qui lèvera toute ambiguité tout en respectant la méthode générale du calcul du Nutri-Score.
Nutri-Score ne vaudrait rien puisqu’il classe le saumon en D alors que c’est un bon aliment plein d‘oméga3 ?
Les détracteurs du Nutri-Score entretiennent volontairement (ou non) une confusion entre les différentes formes de saumon disponibles à la consommation. Le fait que le saumon fumé soit classé D est tout à fait légitime, car même s’il contient des omégas 3, il est très salé (2,5 à 3,5 g de sel pour 100g). Par contre le saumon nature, frais ou surgelé qui est également riche en oméga 3 ne contient quasiment pas de sel et est classé A par Nutri-Score, et le saumon en conserve qui en contient 1,2g de sel/100g est classé Nutri-Score B. L’excès de sel est reconnu comme un facteur de risque d’hypertension artérielle, de cardiopathie et d’accident vasculaire cérébral et sa consommation doit être limitée, ce qui est une recommandation de santé publique. Nutri-Score apparait donc utile pour discriminer entre les différentes formes de saumon et informer le consommateur sur leurs différences de qualité nutritionnelle.
Le saumon fumé peut parfaitement être consommé dans le cadre d’une alimentation équilibrée, mais compte-tenu de sa teneur en sel, il doit l’être en quantité limité ou pas trop fréquemment, ce qui correspond à son classement D par Nutri-Score. Par contre le saumon en conserve (Nutri-Score B) et surtout nature, frais ou surgelé (Nutri-Score A) est recommandé compte tenu qu’il présente sur le plan nutritionnel le bénéfice des omégas 3 sans les inconvénients de la teneur élevée en sel du saumon fumé.
Le Nutri-Score n’aurait aucun intérêt, la preuve les frites sont classées A ou B ?
Les fake news sur les frites touchent à la fois à l’irrationnel (l’image négative des frites rattachée aux fast-foods) et là, encore à l’incompréhension de comment s’établit un logo nutritionnel et quel peut être son rôle. En effet, par définition, le Nutri-Score (comme tous les autres logos nutritionnels) n’est qu’une traduction des valeurs nutritionnelles déclarées à l’arrière de l’emballage, qui se réfère aux aliments tels que vendus.
Pour les frites surgelées plusieurs modes de cuisson sont possibles. La cuisson au four des frites pré-cuites surgelées (le plus souvent classée B par Nutri-Score) n’a pas d’impact sur la composition nutritionnelle et le Nutri-Score n’est pas modifié dans ce cas après cuisson (il reste B). En revanche, les frites surgelées (non pré-cuites) classées le plus souvent A par le Nutri-Score (ce sont simplement des pommes de terre épluchées et coupées), l’information du mode de cuisson est donnée sur les emballages et recommande une cuisson en auto-cuiseur. Dans ces conditions, le Nutri-Score est appelé à passer, selon les huiles de cuisson (plus ou moins riches en acides gras saturés) à B ou au maximum à C. L’ajout de sel par la suite peut lui aussi impacter la note, mais ne peut raisonnablement pas être anticipé lors de l’achat du produit.
Il n’en demeure pas moins qu’il apparait nécessaire dans le cadre exclusif des aliments ne pouvant être consommés tels qu’achetés (telles que les frites surgelées non pré-cuites), et pour lesquels est donné sur l’emballage un mode de cuisson spécifique et détaillé susceptibles d’impacter le Nutri-Score, que le fabriquant alerte les consommateurs de la modification induite sur le Nutri-Score en donnant 1) le Nutri-Score du produit tel que vendu (correspondant aux éléments qui sont sur l’étiquetage nutritionnel) et 2) une mention sur le score final, en donnant la lettre du Nutri-Score obtenue par le produit après cuisson selon le mode recommandé sur l’emballage (pour les frites la modification aboutit à passer à une classe supérieure du Nutri-Score après passage en friteuse).
Le Nutri-Score serait absurde, les nuggets et les cordons bleus sont classés B ?
Il s’agit là encore d’une caricature : tous les nuggets ou les cordons bleus ne sont pas B comme veulent le faire croire les détracteurs. Si certains de ces produits sont classés B, d’autres dont la composition nutritionnelle est plus défavorable sont moins bien classés. Et l’intérêt du Nutri-Score est justement qu’il permet aux consommateurs d’objectiver les différences de composition nutritionnelles de produits qui portent le même nom (ou des noms très proches) et qui peuvent laisser croire que les produits sont équivalents sur le plan nutritionnel, ce qui n’est pas le cas. Les détracteurs oublient de rappeler que les nuggets varient de B à D (voire A pour certains, ceux notamment à base de végétaux) et que les cordons bleus varient également de B à D selon les marques … ce qui n’est jamais précisé par ceux qui veulent laisser entendre que ces aliments dont l’image nutritionnelle est souvent défavorable serait systématiquement bien classés par Nutri-Score.
Nutri-Score ne servirait à rien : il suffirait de faire de l’éducation nutritionnelle ?
Comme si ces deux stratégies s’opposaient ! Nutri-Score est un élément d’une politique nutritionnelle de santé publique. Aucun scientifique ne considère que Nutri-Score à lui seul peut résoudre l’ensemble des problématiques nutritionnelles. Compte-tenu des enjeux de santé publique le déploiement du Nutri-Score doit être complétée par d’autres mesures dont l’éducation, la réglementation de la publicité et du marketing, la meilleure accessibilité économique pour tous à des aliments de bonne qualité nutritionnelle. Toutes ces approches ne sont pas exclusives. Au contraire, elles sont, bien sûr, complémentaires. Il existe, en fait, beaucoup d’autre fake news diffusés par les lobbys dont certaines sont incroyablement fantaisistes voire complotistes. Malgré l’absurdité de ces arguments, qui hélas font parfois l’objet d’une instrumentalisation politique, elles viennent polluer le débat de santé publique. Il est essentiel de démystifier des faux arguments qui visent à empêcher le dépliement du Nutri-Score et servent souvent d’éléments de langage des lobbys pour défendre des intérêts purement économiques.
Plus d’informations sont accessibles sur le site nutriscore.blog. Voir sommaire: https://nutriscore.blog/2022/12/31/sommaire/

