Le Portugal a officiellement adopté le logo nutritionnel Nutri-Score pour aider les consommateurs portugais à juger de la qualité nutritionnelle des aliments et les aider à orienter leurs choix vers des aliments de meilleurs qualité nutritionnelle plus favorable à leur santé.

Le Portugal devient le 8ème pays à mettre en place cet outil de santé publique basé sur la science. Il rejoint la France, la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse.

Un article du Monde fait le point sur l’adhésion du Portugal à Nutri-Score:
https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/04/05/le-portugal-devient-le-huitieme-pays-a-adopter-le-nutri-score_6226200_3244.html?random=1874896604
Le Portugal devient le huitième pays à adopter le Nutri-Score
Bien qu’il soit bloqué à Bruxelles, où la Commission européenne a renoncé à présenter un étiquetage nutritionnel harmonisé pour tous les pays de l’Union européenne, le Nutri-Score est désormais déployé dans huit pays.
Sujet à des vents contraires au niveau européen, le logo Nutri-Score reprend des couleurs. Vendredi 5 avril, le Portugal a rejoint la liste des pays ayant adopté officiellement cet étiquetage nutritionnel, qui permet de visualiser au moyen d’une note allant de A à E et d’une échelle de couleur du vert au rouge la composition des aliments. Huit Etats reconnaissent désormais cet étiquetage comme un outil de santé publique et le déploient, sur la base du volontariat des industriels, sur les produits commercialisés sur leur territoire : sept pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal), ainsi que la Suisse.
L’extension de cet étiquetage au Portugal a été entérinée par une publication au Journal de la République, l’équivalent du Journal officiel. Le gouvernement la justifie comme mesure de prévention contre les maladies chroniques liées à l’alimentation (diabète de type 2, hypertension, maladies cardiovasculaires…). « Le Nutri-Score présente un niveau de robustesse scientifique adéquat, surtout depuis l’actualisation de son algorithme en 2023, il est mis en œuvre dans un large éventail de pays de l’Union européenne et est déjà utilisé par plusieurs opérateurs économiques (…), justifie l’exécutif portugais. De ce fait, il se positionne comme le système d’étiquetage nutritionnel simplifié présentant les meilleures conditions pour être adopté au Portugal. »
La mesure avait été approuvée le 22 mars par le gouvernement précédent, sous l’impulsion de l’ancienne secrétaire d’Etat à la promotion de la santé, la socialiste Margarida Fernandes Tavares, avant de passer le témoin au nouveau gouvernement conservateur, qui a pris ses fonctions le 2 avril.
La direction générale de la santé a quatre mois pour définir les modalités précises d’affichage. Au Portugal, les premières réflexions sur l’intérêt de ce feu tricolore datent de 2017, quand une étude réalisée par le Programme national pour la promotion d’une alimentation saine a révélé qu’environ 40 % des Portugais avaient des difficultés à interpréter une étiquette. L’essentiel des partis ont alors soutenu la mesure, certains allant jusqu’à demander d’y ajouter un symbole alertant des aliments susceptibles de favoriser les risques de cancer.
Lutter contre le surpoids
En 2021, après la pandémie de Covid-19, l’association de défense des consommateurs Deco Proteste a remis la question sur le devant de la scène en demandant dans une lettre ouverte au gouvernement l’implantation du logo Nutri-Score afin d’aider les Portugais à lutter contre le surpoids, qui touche près de 6 des 10,5 millions d’habitants, et le diabète (un million de cas estimé).
L’extension du logo nutritionnel au Portugal redonne des ailes aux partisans de cet étiquetage, conçu à l’origine par des équipes de recherche indépendantes françaises, qui font face depuis plusieurs années à une fronde organisée par quelques acteurs agroalimentaires et Etats.
L’Italie en particulier considère cet étiquetage comme contraire à ses intérêts économiques, en raison des notes jugées dégradantes de produits emblématiques, notamment de fromages et de charcuteries. Les protestations italiennes contre le Nutri-Score ont émergé après que la Commission européenne s’est engagée, en 2020, à présenter un étiquetage nutritionnel harmonisé entre les vingt-sept Etats membres, sans préciser quel système serait retenu.
Enjeu de patriotisme culinaire
Le Nutri-Score semblait alors partir avec une longueur d’avance, ayant fait l’objet d’une centaine d’études scientifiques. Mais l’Italie, rejointe par d’autres Etats comme la Hongrie, en a fait un enjeu de patriotisme culinaire, et est parvenue à faire reculer la Commission, qui a repoussé aux calendes grecques son projet d’étiquetage. Des documents officiels obtenus par l’association Foodwatch et le Bureau européen des unions de consommateurs ont montré qu’en 2022, des représentants agro-industriels et des officiels italiens ont multiplié les rendez-vous à Bruxelles pour exposer leurs récriminations, avec succès, pour infléchir le calendrier de la Commission européenne.
Tant que les Vingt-Sept ne s’accordent pas sur un étiquetage harmonisé, les Etats membres ne peuvent imposer aux industriels l’affichage d’un logo nutritionnel. La mise en œuvre du Nutri-Score, qui s’appuie sur un comité de gouvernance transnational et un conseil scientifique, est toutefois contrôlée : en France, l’agence Santé publique France est garante de son déploiement, et vérifie notamment qu’une entreprise, une fois engagée dans la démarche, affiche le logo sur tous ses produits et pas seulement sur ceux notés favorablement. L’étiquetage est présent sur près de 60 % des produits des marchés agroalimentaires français et allemands. Mais plusieurs grands groupes, dont Coca-Cola, Lactalis ou Mondelez, refusent toujours sa présence sur leurs emballages.
